Non sum liber

                   

Face à la situation chaotique qui sévit dans le pays, je me trouve confronté à une tâche à la fois impossible et risquée. Impossible, car le degré de mépris, d'insouciance et d'abandon semble insurmontable. Pourtant, aujourd'hui, je me lance dans cette impossibilité, en tentant de raisonner "Dieu". Mon objectif est de réveiller son tribunal intérieur, de l'aider à différencier le vrai du faux dans cette tourmente. Je ne cherche pas à remonter jusqu'à la Genèse de la nation haïtienne pour étayer mon argumentation, à parler du premier peuple noir libre de la planète ou à évoquer l'armée indigène qui a "Wonfle" l'armée Napoléonienne. Non, je préfère puiser dans les paroles du Grand Jean-Jacques Dessalines lui-même : “Quiconque est opprimé, maltraité, aliéné dès qu’il foule ce sol doit se sentir libre.” Par cette phrase, Dessalines fait d’Haïti non seulement une terre d’accueil mais aussi une terre de liberté. Par cette déclaration, on voit en lui un grand humaniste ayant dirigé un pays. Il passe pour l’un des plus grands unificateurs de race ou encore d’ethnie (l’union des Noirs et des mulâtres).


Maintenant, j’ai une obligation. J’ai l’obligation de dire à la famille de la dictature 57-86 que je ne suis pas libre, à ceux et celles qui ont renversé cette dictature que je ne suis pas libre, au président qui sortait de l’église catholique que je ne suis pas libre, à la famille du président qui buvait tant une chose qu’on fabrique dans la commune de Léogane que je ne suis pas libre, au président du compas qui m’a appris à “SALANBE” une personne que je ne suis pas libre, à la famille de ce président assassiné lâchement que je ne suis pas libre, au dernier roi adventiste médecin que je ne suis pas libre, à ceux et celles de la peau claire qu’on dit souvent qu’ils ne sont pas des Haïtiens, même quand ceux qui disent cela ont tort, que je ne suis pas libre. Aux parlementaires incorruptibles qui n’ont jamais menti que je ne suis pas libre, à l’animal politique qui vient du département où se trouve la ville lumière que je ne suis pas libre, à l’avocat du peuple devenu avocat de la dictature royale que je ne suis pas libre, à ce pseudo-fils du père de la nation que je ne suis pas libre, à ceux et celles ayant fréquenté la prime à la signature (Primature) que je ne suis pas libre, à la presse que je ne suis pas libre, à la télévision nationale de Port-au-Prince que je ne suis pas libre, au leader de la nouvelle capitale du pays "Port-of-Gang" qui a enlevé ma liberté, à ces diasporas que je ne suis pas libre, au sénateur dread qui a déchiré le budget que je ne suis pas libre, à Zinedine Zidane que je ne suis pas libre. À moi-même qui écrit ce texte en voulant ne pas offenser Dieu que je ne suis pas libre, à moi qui pense qu’on va tuer ma pensée que je ne suis pas libre, à moi qui pense qu'on va me tuer (séquelles du macoutisme) que je ne suis pas libre.


En définitive, ma quête pour raisonner "Dieu" est celle de la justice, de la liberté et de la dignité humaine. C'est un appel à l'unité, à la solidarité et à la réconciliation. C'est un cri du cœur dans l'obscurité, une lueur d'espoir dans la tourmente. Et même si cette tâche semble insurmontable, même si le chemin est semé d'embûches, je choisis de persévérer. Car je crois fermement en la puissance de la justice et en la capacité de l’Haïtien à se relever, même dans les moments les plus sombres. Je ne suis pas libre, je ne peux pas danser la danse de la liberté. Je voulais rédiger un texte plus long, mais je n'ai plus d'encre et le cahier dans lequel...


                                          Darley PROVIDENCE.


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