La question de l'exil dans la société haïtienne*



''Nous ne devons pas nous considérer comme des petits blancs à peaux noircies exilés sur la terre d'Haïti" 


Plus q'une simple exhortation à rester nous même, cette phrase du docteur Jean Price Mars traduit un mal être beaucoup plus profond chez l'haïtien quand à ses conditions de vies sur le territoire.De ce fait on peut considérer l'haïtien comme un éternel exilé,recherchant toujours ailleurs le bonheur auquel il ne croit plus avoir droit sur la terre d'Haïti.Paradoxalement, ce sentiment qui nous pousse à croire que ailleurs c'est toujours mieux est en même temps ce qui nous porte à aimer cette terre que nous maudissons souvent.Pour mieux appréhender ce phénomène nous parlerons d'abord de ce que l'on peut appeler l'exil intérieur et ensuite nous aborderons l'exil tel qu'on le comprend dans le langage familier.

Historiquement, l'histoire de l'haïtien commence par une rupture brutale pour tout être humain, ce qui n'est pas sans conséquence.La rupture dont nous parlons ici est  la transplantation de force d'un grand nombre de noirs des cotes africaines en Amérique pour servir d'esclave aux colons blancs.Sur cette terre nouvelle et face aux durs traitements infligés par les colons, les africains déportés de force vont garder en eux leurs croyances qui trouvent leur expression dans le Vodou où l'on voit se dessiner une forme de nostalgie de l'Afrique.En effet , dans le monde paysan où le Vodou domine ne dit-on pas que quand quelqu'un meurt que "lespri li tounen nan ginen al jwenn zansèt yo". Donc on peut dire que l'haïtien garde en mémoire la terre d'Afrique, quoiqu'il  ait parfois un peu honte à l'admettre.Le paysan haïtien est donc un exilé sur la terre qu'il habite déjà depuis des générations... 

Darley Providence

Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

Réécrire l'histoire ou créer une histoire

Non sum liber